Rewilding Europe : des animaux à l’état sauvage
Y a-t-il encore la place en Europe pour une nature vierge et des animaux sauvages ? C’est en tout cas ce que pense l’écologue Wouter Helmer. Avec Rewilding Europe, Wouter Helmer souhaite créer de nouveaux liens entre l’homme et la société modernes, et la nature.
Vous n’avez jamais entendu parler du concept de Rewilding ? Ce terme décrit le processus permettant aux écosystèmes de jouer un rôle beaucoup plus prééminent, mais de telle
façon que l’homme et la société modernes puissent créer de nouveaux liens avec cette nature. C’est la raison pour laquelle l’écologue Wouter Helmer a lancé Rewilding Europe en 2011 avec quelques collègues.
#1. « Notre société européenne se trouve à un point charnière. Il y a une quantité jamais vue auparavant de terres qui ne sont plus exploitées. »
En 2011, Wouter Jelmer a lancé Rewilding Europe avec quelques collègues. À l’époque, on constatait en Europe depuis un certain temps que les fermiers traditionnels désertaient les campagnes, ce qui menaçait de ne laisser que les agriculteurs ‘modernes’. « Ce dernier groupe travaille de manière beaucoup plus efficace, choisissant les terres agricoles les plus fertiles et délaissant les régions montagneuses et autres terres ‘marginales’, ce qui n’était pas le cas des fermiers traditionnels », explique Wouter Helmer. À titre d'illustration : tous les trois ans, une superficie égale à la Belgique est abandonnée suite à la faillite de petites exploitations agricoles. Ce sont ces terres que Rewilding Europe souhaiterait voir redevenir sauvages, et l’organisation se donne à fond pour y parvenir.
#2. « Nous pensons toujours que l’Europe est trop urbanisée pour voir une vie sauvage, mais rien n’est moins vrai »
Un atout dans lequel Rewilding Europe souhaite investir est l’écotourisme. « Les touristes du monde entier aiment voir les richesses de la nature et des animaux sauvages. Cela permet évidemment de remplir les caisses des économies locales qui peuvent le proposer. Cet argent peut aider à convaincre la population locale de la valeur ajoutée que représente la protection de la nature, afin qu'elle appuie à son tour réellement le projet », poursuit Wouter Helmer. « En Europe, il y a encore du pain sur la planche pour mettre cela en lumière, même auprès des amoureux de la nature. À l’heure actuelle, la plupart des écotouristes s’envolent vers l’Afrique ou l'Amérique pour admirer les merveilles de la nature. Alors que ce n’est en réalité pas logique. Les chiffres le montrent : on recense 1.800 grizzlys et 5.500 loups vivant dans les 48 lower states des États-Unis. En Europe, dont la superficie est comparable, on compte pas moins de 17.000 ours bruns et 12.000 loups. »
#3. « Un ancrage local et une large assise sociale sont indispensables »
« La protection de la nature est uniquement possible avec le soutien de la communauté locale. On peut l’obtenir non seulement en jouant sur l'écotourisme, mais aussi à l’aide d'un transfert de connaissances au sujet de la nature et des nouvelles formes de gestion des eaux et forêts », confie Wouter Helmer. C’est pourquoi Rewilding Europe cible principalement les responsables politiques et la jeunesse.
« Nous soulignons par ailleurs ce que les animaux sauvages peuvent apporter à l'économie locale. Prenons l’exemple de Yellowstone aux États-Unis, qui a profité énormément de la croissance de sa population de loups. Ce serait insensé de ne pas exploiter cela en Europe. »
#4. « Toujours dans le respect de l’écosystème d'origine »
Le respect du patrimoine naturel est un aspect primordial pour Rewilding Europe, comme l’explique Wouter Helmer. « Un éléphant dans la réserve de Kalmthoutse Heide, voilà qui attirerait du public. Mais ce n’est pas la philosophie de Rewilding Europe. Il faut respecter l'écosystème d'origine. Dans cet esprit, Rewilding Europe a veillé au retour du castor, de la rainette verte et du mars changeant dans le parc frontalier de Kempen-Broek. »
#5. « La beauté d'hier ne sera pas nécessairement la beauté de demain »
« Rewilding Europe existe depuis six ans, mais elle n’est qu’au début de son histoire. La transformation de la nature est évidemment un travail de longue haleine. Pour le grand public, les résultats de ce travail ne seront visibles que dans cinq ans », note Wouter Helmer.
« Mais personne ne peut prévoir ce que l’avenir nous réserve. Rewilding Europe doit s'adapter à la dynamique de changement constant de la nature. » Et c’est là que réside sa force. Rien n’est immuable, elle doit donc toujours mettre de nouvelles solutions sur le tapis.
#6. « Il est très facile de rendre son jardin un peu plus sauvage »
Monsieur Tout-le-Monde peut-il aussi apporter sa pierre à l'édifice en rendant son propre terrain plus sauvage ? Wouter Helmer en est convaincu. « Prenez tout simplement votre jardin ! Remplacez un carré de pelouse par quelques buissons qui attirent les papillons. Ajoutez-y quelques fleurs dont les abeilles sont friandes et vous voilà avec un petit morceau de nature sauvage. »
Vous voulez en savoir plus sur Rewilding Europe ? Rendez-vous sans tarder sur son site Internet.